Jean-Pierre Causse
La disparition brutale d'Hubert Curien a été vivement ressentie par la communauté scientifique française et tout particulièrement par l'Académie des technologies; il avait été en effet le premier président du Conseil des Applications de l'Académie des Sciences (CADAS) qui l'a préfigurée, il avait participé activement aux discussions qui l'avaient conduite à devenir autonome et, malgré ses hautes responsabilités et ses nombreuses charges, il lui avait toujours manifesté son intérêt et apporté son soutien.
Pour lui rendre hommage, plutôt que de revenir sur sa carrière exceptionnelle, ce qui a été bien fait par ailleurs, l'Académie a décidé de consacrer une de ses grandes séances mensuelles à un sujet qui lui avait tenu particulièrement à cœur, celui des activités spatiales qui, en France et en Europe, lui doivent tant.
C'est ainsi que le bureau de l'Académie m'a chargé de mettre sur pied le programme de cette séance en le centrant sur ce qui est notre raison d'être, c'est-à-dire les technologies. La séance a eu lieu le 15 septembre 2005, j'ai pu réunir cinq confrères et une consœur, tous membres de l'Académie des technologies. Leurs contributions bénéficient d'une autorité exceptionnelle car ils occupent tous des positions clés dans le paysage français et européen.
Ces six exposés, réunis dans les pages qui suivent, après une introduction du président en exercice de l'Académie, brossent un tableau assez complet des forces et faiblesses de l'Europe spatiale actuelle et de ses perspectives. J'avais demandé aux conférenciers de ne pas revenir sur l'histoire et le passé, mais de se tourner délibérément vers l'avenir; ce faisant, ils évoquent souvent, néanmoins, la figure d'Hubert Curien, pour ce qu'il a fait et dont la situation actuelle découle largement, et pour l'attitude constructive et souvent visionnaire qu'il sut avoir lorsqu'il devint président du CNES il y a près de trente ans, dans une période tout aussi difficile que la nôtre.